Quantcast
Channel: La DCC
Viewing all articles
Browse latest Browse all 248

« Soyez préoccupés par les autres »

$
0
0

Anne-laure est volontaire à l’école des soeurs missionnaires dominicaines du Rosaire, à Hera, près de la capitale du Timor-Leste (petite île d’Asie du Sud-Est). Majoritairement enseignante d’anglais et de musique pour les élèves, elle s’est engagée comme volontaire auprès de la DCC il y a 10 mois. 

  • Pourquoi t’es-tu engagée comme volontaire de solidarité internationale auprès de la DCC ? Quelles étaient tes motivations ? 

Tout simplement par des recherches sur internent, je me suis engagée avec Dom & Go, l’organisme d’envoi des dominicains. Leur processus de formation, en partenariat avec la DCC, m’a amenée à vous rejoindre. Par ces liens qui unissent Dom & Go et la DCC, mes motivations paraissent lisibles : partir seule en volontariat, dans un cadre en lien avec ma foi, vivre avec une communauté loin de notre confort européen, découvrir une autre culture, des personnes, des modes de vie que je n’aurai jamais connu en France… La première motivation de mon départ, c’est Grandir. Grandir pour construire ma vie sur quelque chose de solide. La proposition de Dom & Go et la DCC répondait à cela.

J’aime particulièrement cette citation de Nicolas Butter, qui a tout son sens dans un départ en volontariat : « On ne cherche pas l’efficacité mais la fécondité dans nos vies ». 

  • Avec quelle association es-tu partie ? Quelles sont tes activités ? 

Partie avec la famille dominicaine, je suis au Timor au sein d’une des missions des sœurs : une école d’environ 450 élèves. Je suis professeur d’anglais pour des élèves de 5 et 7 ans, ainsi que des étudiants chez nos voisins les pères dominicains. Je suis également professeur de musique pour les quatre séminaristes dominicains ainsi que les élèves de l’après-midi, donc de 8 à 11 ans. j’ai une vingtaine d’élèves, principalement pour la chorale de l’école mais également pour apprendre le solfège, la culture musicale et la flûte à bec. 

  • Cette expérience a-t-elle abouti à une réflexion sur ton métier d’origine ? 

Je n’étais pas du tout enseignante de métier, et, avec cette expérience, je sais que… je ne me destine pas à l’être ! 😉 Ceci dit, c’est un métier très riche et j’ai énormément appris, spécialement en patience et en pédagogie. Je vois aussi je suis plus à l’aise avec les plus grands élèves ou bien avec des adultes, où l’échange et l’enseignement est plus riche et la discipline un peu moins soutenue, ce qui n’est pas forcément le cas avec des maternelles. 

  • Qu’est-ce qui t’as marqué culturellement au Timor Oriental ? 

Sans réfléchir longuement, c’est le regard sur les étrangers et le sans-filtre qui a été, qui est et sera toujours difficile. Ici, un « malai » ‘(étranger) est regardé et détaillé de la tête aux pieds. Ce regard sur les étrangers est parfois très lourd et fatiguant. J’ai beaucoup de mal, même après 10 mois. J’apprends à comprendre un peu les raisons, essayer de ne pas me braquer, faire des concessions avec les multiples photos, les interpellations, chuchotements etc. mais cela reste un travail intérieur qui n’est pas évident. 

Par ailleurs, dans leur culture, les Timorais sont très serviables. Toujours prêts à rendre service, toujours disponible. J’apprends énormément sur cette grande qualité, que je trouve très belle. Quand on essaie de vivre cette promptitude au quotidien, on est le plus heureux des volontaires ! Nombre de Timorais qui se sont arrêtés pendant le voyage à moto pour nous amener, qui ont arrêté leur travail pour m’accompagner et me montrer le chemin, ou qui au quotidien aident sans compter, sans râler… ça fait réfléchir ! 

  • As-tu une rencontre ou une anecdote qui t’a marquée ? 

Au Timor, les enfants ont une place toute spéciale pendant la messe. Au moment de la communion, une fois que tous ceux qui peuvent recevoir le corps du Christ sont revenus à leur place, le prêtre se remet devant eux en posant ses mains sur leur tête, un geste très simple et très beau, pour les nombreux enfants présents, parfois plus d’une centaine ! J’aime beaucoup ce moment là, ça me rappelle la phrase de Jésus : « Laissez-venir à moi les petits enfants… »

  • Quelles richesses tires-tu de cette expérience ? 

En un an, les réflexions sont très nombreuses et c’est bien difficile de résumer. Je pense pouvoir mettre en avant deux leçons de vie : 

  • La spontanéité du service. Proposer son aide en tout temps. Ca peut paraitre étranger mais il y’a que du positif, c’est de la joie assurée ! 
  • L’abandon. Il faut savoir faire confiance, apprendre à abandonner à lâcher prise. Sur l’organisation incertaine, sur nos forces qui semblent bien trop faibles pour tenir, sur la mission qui certains jours se révèle vraiment difficile, sur la solitude intérieure que l’on peut ressentir. Pour tout ça, il nous faut nous abandonner en Notre Bon Dieu, s’il nous a encouragé à être ici en mission, c’est que nous allons en ressortir grandi et surtout heureux ! 

Une citation d’Edith Stein qui illustre bien une vie de mission « Dieu n’exige rien de l’homme sans lui donner simultanément la force correspondante ». C’est parti, n’ayons pas peur ! 

  • En quoi ta mission de volontariat participe à la construction d’un monde plus humain et durable ? 

Cela sera une petite goutte dans l’océan car ma mission concerne l’éducation donc c’est un processus sur le long terme auquel moi je ne contribue que pour un an. C’est le futur de ces jeunes Timorais que l’on construit là, l’apprentissage des différentes matières, la discipline, la morale, les langue, les jeux, la joie de vivre, tout cela les faits grandir doucement. Il me faut leur donner le goût d’aimer les langues, dont l’anglais, langue importante au Timor pour leur avenir. 

 

Pour finir, une belle citation de bienheureuse Ascension Nicol Goni, soeur fondatrice de la communauté des Soeurs Missionnaires Dominicaines du Rosaire dans laquelle je suis ici : « Soyez préoccupés par les autres autant que vous le pouvez  et tout ira bien ». 


Viewing all articles
Browse latest Browse all 248

Trending Articles