Kévin, volontaire au Tchad a vécu Noël en 2019 sur le terrain, loin des codes occidentaux. Cette fête, empreinte de nombreuses traditions, révèle les relations interculturelles entre un volontaire et son pays d’accueil, Kévin en a fait l’expérience et la renouvèlera dans quelques jours.
Je vous emmène avec moi à Mongo, petite ville située dans la province du Guéra, en plein coeur du Tchad. Nous sommes le 1er décembre 2020. Température extérieure : 35°C la journée, entre 15 et 20°C la nuit (les températures nocturnes vont baisser au fur et à mesure du mois). La saison des pluies est terminée depuis 6 semaines et les paysages se jaunissent rapidement. Ils ne retrouveront leur éclat et leur verdure qu’à partir des premières pluies de 2021 en mai/juin. La légende dit que le Père Noël troque ses rennes pour des dromadaires, bien plus adaptés au climat local, et quitte son manteau de fourrure pour une chemise en pagne, cousue sur mesure par les tailleurs tchadiens.
Mongo, située à 500km de N’Djaména, la capitale, est le chef-lieu de la province du Guéra et est également le centre névralgique du Vicariat Apostolique qui porte nom. Etendu sur plus de 533 000 km² – soit une petite moitié du territoire tchadien qui couvre 1 284 000 km², et seulement 100 000 km² de moins que la France – le Vicariat comptait en 200ç un peu moins de 6 000 fidèles pour une population totale de 1 700 000 habitants. Aujourd’hui, les musulmans représentent 95% de la population de Mongo et de la province, tandis que les catholiques atteignent difficilement les 1%. Vous comprendrez donc rapidement que la fête de Noël et l’esprit qui va avec n’est pas forcément très marqué ni présent au premier abord.
Et pourtant !
En effet, oubliez les chants de Noël, les décorations des maisons, les sapins et les cadeaux, le matin du 25 décembre (ou le soir du 24 pour les plus impatients). Cependant, la période de l’Avent et de Noël est une période importante pour les catholiques de Mongo et du Tchad. Une occasion de se retrouver, à la messe dans un premier temps. La religion, peu importe laquelle, a une place très importante dans la vie des tchadiens, et la cathédrale de Mongo, pouvant accueillir jusqu’à 600 places, est pleine tous les dimanches (pour respecter les consignes sanitaires liées à la pandémie de la Covid-19, 2 messes sont organisées consécutivement pour permettre un remplissage réduit de la cathédrale). Et dans un second temps, de se réunir pour partager un repas.
En décembre 2019, nous étions alors 4 volontaires DCC habitant à Mongo. 3 autres volontaires en mission dans d’autres régions du Tchad étaient également là pour les vacances. Nous avions alors été invités par notre voisine au repas organisé par son groupe paroissial pour Noël. Nous avions alors pu voir que, même loin des « traditions familiales », que chacun connaissait pour les fêtes, il était possible de partager un bon moment autour d’un plat local à base de mil, de chèvre, de mouton, etc. assis tous ensemble sur la natte et avec un ou deux verres de bilibili, boisson locale préparée à base de mil fermenté.
Noël au Tchad n’est certes pas le Noël que nous avons l’habitude de vivre en France, mais les moments de partage, de retrouvailles, de simplicité, etc. sont universels !