Dans le magazine Le Pélerin du 30 septembre, Guillemette, ingénieure agronome, nous livre son témoignage. Partie à Madagascar pour apporter ses compétences auprès du réseau d’entreprise Le Relais, elle nous fait cette confidence : « Mon volontariat a laissé sa trace, profonde. »
Par Guillemette, 32 ans, ingénieure agronome. Recueilli par Christophe Chaland.
« Un jour, j’irai voir sur place. » À l’école d’agriculture d’Angers, où j’étudiais alors, cette pensée m’est venue en lisant un article sur la fameuse méthode de culture du riz mise au point à Madagascar par Henri de Laulanié (1920-1995), missionnaire jésuite et agronome. L’idée ne m’a pas lâchée. Mon diplôme obtenu, j’ai cherché à partir. Le Relais, ce réseau d’entreprises bien connu pour la collecte de fripes, m’a proposé de travailler à Madagascar au service d’une filière de riz éthique, et c’est la Délégation catholique pour la coopération (DCC)* qui m’a fait bénéficier de son cadre de volontariat de solidarité internationale.
Me voilà en brousse sur les hauts plateaux. Je ne parle pas le malgache et les premiers mois sont assez éprouvants. Seule Vazaha (Blanche, en français) du village, je dors dans un coin du hangar de stockage de riz. En fin de semaine, après une à quatre heures de taxibrousse, je rejoins la ville, Fianarantsoa, sa forte communauté de volontaires et les amis malgaches du Relais.
On fait la fête surtout le vendredi soir (zoma mahafinaritra : le vendredi magnifique), et non le samedi, pour être en forme à la messe dominicale où l’on revêt « la tenue du dimanche ». Lors du rite de la paix, une grande chaîne humaine se forme et danse dans l’église. Je découvre le visage rayonnant de cette Église locale, la joie et la spontanéité des Malgaches. Dans mon travail, je renonce à tout contrôler et j’apprends à faire confiance. Au bout d’un an, je commence à comprendre la langue, les contraintes des cultivateurs de riz, le circuit de commercialisation. Ce serait bête d’en rester là ! Je rempile pour une nouvelle année que je prolongerai encore de six mois. À Fianarantsoa, avec Élise, ma colocataire, nous nous prenons d’amitié pour une gamine. Bientôt, une vingtaine d’enfants des rues nous rejoignent dans une cour transformée chaque samedi en bibliothèque de rue.
De retour en France, tout me paraît gris : le ciel, mais aussi les vêtements, l’anonymat des villes. J’apprécie alors le soutien du dynamique réseau des anciens volontaires de la DCC et m’y engage. La mission commence.
Mon volontariat a laissé sa trace, profonde. La joie reçue des autres, inoubliable. La confiance : je peux laisser tomber mes défenses. Et le goût de l’audace, pointe de sel dans la vie !
Ce témoignage est paru dans le numéro 7244 du magazine Le Pélerin. Pour le partager, vous pouvez le télécharger grâce à ce lien.